Le Bazar

Le Bazar. Petit billet d’opinion suite au vote de la loi immigration en France.

Parce qu’il ne faut pas avoir peur, il faut se mettre en colère.

C’est le bazar hein ?

Moi aussi, j’ai remarqué, et encore j’écoute pas tout pour pas avoir trop mal aux oreilles.

J’ai mis du temps à comprendre, parce que, bêtement, j’ai un peu trop cru qu’en France on était à l’abri de ça.

Et là, j’ai le vertige. Le vertige.

Elle est où, la France qu’on m’a apprise à l’école ? Celle qui a permis Yes we can, un cadeau que j’ai fait, avec joie, sans réfléchir, à un type qui partage nos valeurs au-delà de nos frontières ?

La France du courage, des valeurs, et des esprits libres ? De la joie d’être ensemble, parce que même quand on est différents, en vrai on est pareils. Et parce que quand même, on était bien jusque-là, non ?

Où est passée la France des humanités, de la main tendue, du droit du sol ? De l’excellence, où apprendre n’est jamais du temps perdu ?

Nous n’avons pas besoin de plus de pouvoir, de plus d’influence, de plus d’argent. D’être plus blancs, plus réglementaires ou plus riches. Lire des livres et nous retrouver autour de l’essentiel devrait être le commencement. Même si c’est vrai, il est plus facile de ne manquer de rien.

Mais oui, je veux qu’on entende ma voix, tout simplement parce qu’elle est différente et que la France ne sait plus faire. Et aujourd’hui on va pouvoir réparer tout ça.

Ça suffit. Nous ne sommes pas des lignes comptables. Nous sommes des personnes. On est tous des personnes. Responsables de nos actes, et qui méritent d’être traitées avec humanité. Notre société, nos entreprises aujourd’hui broient les gens, seuls les plus violents y survivent. Les autres perdent leur individualité, la moindre humanité qu’ils ont su garder jusqu’au bout pour rester en vie, les autres se jettent par les fenêtres dans le pire des cas, ou dans le meilleur des cas se mettent à l’abri dans la pauvreté.

A chaque fois que quelqu’un saute par la fenêtre ou brise une enfant ou qui que ce soit, la société, l’organisation qui a permis cela doit être dissoute. Et les gens iront travailler où ? Ils se débrouilleront, avec l’aide de l’Etat peut-être, et ils resteront des êtres humains. Ils cesseront d’accepter d’être des légumes ou des ordures en échange de sécurité matérielle et redeviendront responsables de leurs actes.

On doit cesser de présenter à nos jeunes nos grandes entreprises et nos services publics comme des paradis de sécurité de l’emploi et d’abondance de RTT alors que seul le travail épanouit, non le statut. On doit cesser d’excuser des comportements ambigus de ceux qui veulent nous trahir et nous mettre sous l’influence, sous le joug d’un tortionnaire, sous prétexte que nous souhaitons la paix. C’est ainsi que se présentent les sectes. Puis, un jour, les gens se suicident, ou se révoltent, et on les dissout. Notre monde, en commençant par celui du travail, est en train de devenir un système totalitaire. Il faut s’arrêter là.

On est un beau pays, solide, on a des amis sur qui on peut compter. Il nous faut en être fiers et ne laisser personne nous dire le contraire.

Je n’ai pas témoigné auprès des forces de police pour créer encore plus de souffrance, j’ai eu ma dose, merci bien. Je l’ai fait tout ça pour être libre, et pour protéger ce qui doit l’être. Ca n’a pas du tout marché, aujourd’hui c’est moi qu’on accuse.

Et s’il nous reste du temps, je voudrais avoir gagné le droit de passer du temps à apprendre pleins de choses que je ne sais pas encore, et à me promener le nez en l’air en respirant l’air marin.

Vous savez la magie que ça porte avec soi, l’air marin ? Vous devriez essayer. On essaye ?

On a des choses à réparer.

Les gens se sentent méprisés. Ont renie tous les jours leur courage et leur humanité. On est des personnes, tous autant qu’on est, et on a le droit d’être considérés comme telles. Qui a éliminé le Rassemblement National aux dernières élections, et fait barrage au fascisme d’état, pour que la France ne tombe pas entre ses mains ?

Un parti politique ?

Emmanuel Macron ?

Non. Les Français.

Ils ont soit voté madame Le Pen pour tenter de mettre fin au mépris, ce qui était la dernière des bêtises à faire.

Ou alors ils ont enterré leurs rêves, leur conception de la France, leur liberté de voter pour ce qu’ils croient, et ils ont voté Emmanuel Macron parce qu’il fallait faire bloc pour ne pas laisser faire une catastrophe. J’ai bien peur que même ça, ça n’ait pas marché.

Mais ils ont essayé. Ce sont eux les héros. Tous individuellement.

Pas une dame qui pose avec ses chats pour faire croire que c’est une preuve d’humanité, et faire oublier que son projet pour notre pays n’est que peur, haine, et violence.

Pas celui qui emmerde ses concitoyens, qui les méprise sous prétexte que lui, il a un beau costume.

Ni encore celui qui, sous couvert d’une protection sociale, acceptera de nous vendre à un dictateur étranger au  prétexte de nous protéger.

Les héros, c’est nous. Tous ensemble, parce que la République, c’est nous. Nous tous, les grands, les beaux, les moches, les gros et les de toutes les couleurs et toutes les orientations sexuelles, les bizarres et les cabossés. Tous on est la France, et la France ne s’achète pas.

On doit reprendre notre humanité, on doit exiger qu’on nous la rende et cesser de tout accepter pour de l’argent. Je ne veux pas d’une une étiquette pour me ranger au fond d’un placard. On n’achète pas ma  voix, mon humanité, mon individualité. On doit ça à nos enfants, aux générations à venir et à notre planète.

Les société capitalisées se permettent tout et n’importe quoi parce que, sans elle, l’économie ne tournerait plus. Lorsque le vent tournera, elles iront là où l’argent, où le pouvoir se trouvent. Elles n’hésiteront pas, en fait elles sont déjà prêtes à collaborer.

C’est non. Il faut avoir le cran de se libérer pour redevenir une humanité libre. Être un grand pays ce n’est pas être plus compétitifs et avoir les poches pleines de sous, c’est être meilleurs, plus libres, briller par nos valeurs et par notre exigence, et ainsi élever celles de ceux qui nous entourent.

On est le pays des lumières, de la liberté, des droits de l’homme, on a inventé la laïcité en réponse à l’obscurantisme et à la mainmise des croyances sur la raison. Visiblement, ces jours-ci, la raison a besoin d’aide.

On a le choix aujourd’hui de relever le défi, et de mener en tête le défi climatique, qui est un défi à la fois scientifique et humain.

On sait faire, ça. Et on a le choix aujourd’hui de le faire par nous-même, tous ensemble, sans s’appuyer sur des ressources pillées chez des pays colonisés, dont on martyrise les populations.

Si tout ce bazar doit servir à quelque chose, ça doit être à remette de l’humanité dans ce monde en vrac.

Personnellement, j’emploierai ma voix, mes livres, à défendre de toute mes forces la génération covid, la génération milléniale. Qu’on a sacrifiée pendant les confinements pour que celle des boomers, qui a tout eu, tout pris, et rien mérité, soit à l’abris des microbes et ne se sente pas stigmatisée.

Cette génération créative, inclusive, vivante, qu’on traite de débile, d’assistée et de trop fragile, qui nous a protégés alors que c’était l’inverse qu’il fallait faire.

Les gars les filles, les iels et les autres, ce monde en vrac il est pas à nous, il est à vous, et on va le réparer ensemble.